Le Mot du Curé
Pour les anciens, le mot « rogations » fait aussitôt penser aux grandes processions d’autrefois à travers les champs, processions conduites trois jours durant par le curé du village afin de demander au Seigneur de bénir le travail des paysans par d’abondantes récoltes. Au rythme des litanies des saints, les villageois présentaient à Dieu tout leur labeur en espérant qu’il porte de bons fruits pour la subsistance de leur famille et tous les hommes. La coutume de ces trois jours de procession avant la fête de l’Ascension est née en France au Vème siècle à l’instigation de l’évêque de Vienne, saint Mamert. Mais, dans notre pays, les personnes vivant directement du travail de la terre se sont faites de plus en plus rares et ces processions ont maintenant quasiment disparues. Cependant par delà les changements de coutume et d’époque, il serait bon de conserver le fondement d’une telle démarche : présenter son travail à Dieu, associer toujours labeur et prière, se disposer à recevoir les bienfaits du Seigneur avec action de grâce, lui demander que les biens de la terre soient assez abondants pour que tous les hommes puissent se nourrir et vivre dignement, voilà qui constitue toujours une démarche importante, une bonne « rogation » , c'est-à-dire une bonne demande.
Rendez-vous donc à Lapeyrouse ce mercredi.
Abbé Pierre FRIESS, Curé.
« La procession rentre enfin au hameau. Chacun retourne à son ouvrage ; la religion n’a pas voulu que le jour où l’on demande à Dieu les biens de la terre fût un jour d’oisiveté. Avec quelle espérance on enfonce le soc dans le sillon après avoir imploré Celui qui dirige le soleil, et qui garde dans ses trésors les vents du midi et les tièdes ondées ! La nuit venue, lorsque la lune répand les dernières harmonies sur cette fête, on croit entendre de toutes part les blés germer dans la terre, et les plantes croître et se développer. » ‘(Chateaubriand)