LE PAPE ET LES MIGRANTS
.. Vous trouverez en pièce jointe la réaction de M. de Villiers à la déclaration écrite du pape François sur "les migrants" adressée aux gouvernements qui a suscité du trouble chez les croyants et les autres (cf aussi la chronique hebdomadaire d'Yvan Rioufol dans "Le Figaro" de ce 25 août et qui lui est entièrement consacrée). Et il n'est pas inadmissible d'opposer des arguments de fond (même de Foi dans certains cas) au Pape régnant dans la mesure où ils sont respectueux et argumentés.
Sachant que le Pape n'est infaillible que lorsqu'il engage cette garantie dans son magistère extraordinaire (proclamation d'un dogme, canonisation des saints) et dans son magistère ordinaire traitant ex-professo de Foi et de Morale dans la continuité et la fidélité au magistère de ses prédécesseurs. Un pape ne peut dire le contraire de ce que l'Eglise a toujours enseigné en matière de morale; par exemple, concernant la communion eucharistique des divorcés remariés, etc. ce qui contredirait l'enseignement du Pape Jean-Paul II (canonisé par la suite) dans l'encyclique Familiaris consortio.
Le catholique, qui prie souvent que la foi du Pape x... ne défaille pas (dans les offices liturgiques), a envers le Pape régnant une position qui n'est pas sentimentale (cf la papolâtrie), mais "de Foi et de raison". Déférente et respectueuse certes pour la fonction et la personne qui l'occupe, aimante, mais humblement critique sur des sujets qui le permettent. Car on observe que si le monde applaudit le pape François (cf mon introduction à la publication des extraits de La joie de l'Evangile de nov. 2013 dans le Bulletin dominical du 12 janv. 2014), il fait souffrir ses frères et ses brebis. Et ce sont ses plus fidèles catholiques romains, ses plus précieux appuis, la presse catholique la plus respectueuse de la personne du Souverain Pontife, de son enseignement et de l'enseignement de l'Eglise qui, aujourd'hui, prennent la parole et élèvent la voix.
Et nous pouvons le faire, car nous avons payé cher notre fidélité au Christ, au (x) Pape (s), à l'Eglise, et à son enseignement depuis la révolution post-conciliaire des années soixante-dix. Certes, souvent, les hommes d'Eglise, par incapacité, à cause de leurs péchés, pour des motifs d'ordre mondain ou diplomatique, ont abandonné les fidèles résistants (qui ont été béatifiés par la suite !). Qu'on songe aux résistants que nous étions alors en France pour défendre "le catéchisme, l'Ecriture sainte et la Messe" (Jean Madiran) après Vatican II, qu'on songe à l'abandon des Cristeros (Mexique, 1926-1929) par leurs trente-huit évêques sauf trois, et le Saint-Siège qui signe un accord bien discutable, non respecté avec cinq mille catholiques à nouveau assassinés... Etc. Etc.
Alors, Très saint Père (et nous sommes bien les seuls à vous appeler encore ainsi !), souffrez que nous élevions nos voix avec la liberté des enfants de Dieu (Rm 8, 20-22), dans le respect certes, mais la détermination.
Abbé Christian Laffargue